"FINS PROVISOIRES (Travail en cours)"

L’image participe depuis longtemps à documenter des récits et à enrichir des fonds iconographiques. Les informations visuelles ainsi recueillies, témoignent de la complexité d’interprétation d’un récit. Mais à la didactique de l’image s’ajoute souvent le regard de l’artiste photographe qui permet d’accéder à une dimension émotionnelle à laquelle les sciences humaines n’ont pas accès.

 

À travers le projet ”Fins Provisoires”, la collecte des images se passe sur une route et ses abords. L’attention se porte sur les éléments physiques qui les caractérisent. La posture de l’observateur est d’utiliser la photographie comme outil d’enregistrement subjectif, et d’exploiter l’image pour définir les étapes d’un déplacement dans l’objectif d’enrichir la compréhension d’un espace. Construire une identité des espaces qui puissent exister avec ou sans l’empreinte de l’homme.

 

La complexité du déplacement concerne les petites et grandes migrations, les trajets ponctuels ou répétés, tout ceci conditionné par le regard du voyageur qui construira son souvenir. La route est un espace définitif qui propose à celui qui la parcoure une expérience individuelle du déplacement forcé ou souhaité. Le souvenir du parcours ne reflétera pas nécessairement l’histoire des images qui composeront son vécu, mais sera soumis à un sens de lecture qui s’imposera à lui. Aussi, des notions telles que la distance et le temps peuvent-elles être appréhendées par la lecture des images ?

 

La présence humaine est palpable et les photographies renvoient à un universalisme des images et des lieux familiers. Mais au-delà de l’identité des espaces, le travail photographique participe à définir l’identité d’un déplacement et la construction sociale et matérielle d’une distance.

 

Jérôme Rigaud. Historien d’art de formation, spécialisé sur la préservation du patrimoine culturel et la muséologie