L’univers de Christian Buffa est cruel, ces images poudrées tirées des « papiers périmés » sont bouleversantes. Réalisées avec les pellicules trouvées au journal Corse-Matin après que celui-ci soitpassé au numérique, elles lèvent devant nous une barrière, un obstacle, une menace : une image de l’île qui dit la violence, la fermeture, le malheur.
Ces noires images dressées comme une enquête sinistre lui viennent-elles de toutes ces années de journalisme, confronté jour après jour aux drames multipliés de cette île de violence ? A-t-il voulu cette sorte de « bilan d’étape » qui pourrait être une conjuration ? Qui pourrait être une catharsis pour l’île même ? Mais le remède est rude. Le traitement, douloureux. Ces images de constructions détruites avant d’être achevées, cette carte de la terre de l’île superposant les projets avortés... Ces femmes hésitantes et crispées, ces hommes dressés, porteurs de mort, ne sont-ils que les modèles muets d’une impuissance et d’une défaite annoncée ?